Premarin et Provera: est-ce vraiment naturel?

Premarin et Provera: est-ce vraiment naturel?

Bonjour,

Il y a vingt ans mon médecin de famille a répondu avec emphase que oui, il avait des «hormones naturelles», pour contrer les symptômes de la ménopause et elle me donna comme exemple le Premarin et le Provera. Sachant que ces deux sortes d’hormones pharmaceutiques ne sont PAS BIO-IDENTIQUES, mais si l’on ne se réfère qu’à leur origine, c’est-à-dire la matière première qu’on a utilisé en laboratoire pour les produire, mon médecin avait raison: l’une provient de l’urine de jument gravides (donc c’est quelque chose qu’on trouve dans la nature bien que pas dans le corps humain), et l’autre (le Provera) est une hormone inventée en laboratoire qui n’existe pas non plus dans le corps humain mais qui est dérivé du soya ou de l’igname sauvage comme point de départ dans le processus de fabrication.

Donc, j’en suis arrivée à la conclusion que la plupart des hormones, qu’elles soient bio-identiques ou non, sont fabriquées à partir de ces plantes.Et depuis plus aucun symptôme, je suis en parfaite santé à l’aube de la soixantaine, j’ai un poids santé et j’ai une allure d’apparence jeune. Donc, vous comprendrez que je ne peux que me porter à la défense de l’hormonothérapie car pour moi tous les effets ne sont avérés bénéfiques. À savoir si ces substances sont cancérogènes ou non, je suis persuadée que plusieurs autres facteurs psychologiques peuvent produire le cancer dont entre autres, mode de vie, attitude vis-à-vis la vie, etc.

Carole


Bonjour Carole,

Un grand merci pour ce témoignage très intéressant. Vous avez très bien saisi la différence entre le «bio-identique» et le «non bio-identique», et le fait que le Provera est au point de départ un dérivé de plantes. Cependant, ce que j’explique dans mes conférences, basées sur les enseignements du Dr John Lee, est que ce qui compte n’est pas le point de départ (la matière première) dans la fabrication des hormones mais le point d’arrivée. Ainsi, avec les hormones bio-identiques comme Estrogel et Prometrium, que préconise le Dr Lee ainsi que la Dre Sylvie Demers dans son livre «Hormones au féminin», le point d’arrivée, soit le produit qui sort du laboratoire, est une copie conforme de nos propres hormones et apporte à nos récepteurs cellulaires exactement le même message que nos propres hormones.Par contre, le Provera, comme vous le mentionnez, même s’il a le même point d’origine il n’est pas bio-identique. Cela veut dire que le laboratoire a créé une molécule qui n’existe pas dans la nature. Donc le message qu’il apporte à nos récepteurs cellulaires de progestérone n’est pas le même que celui de la nature mais c’est plutôt le message programmé par la compagnie pharmaceutique qui l’a inventé.

Le principal rôle du Provera est d’éviter la stimulation oestrogénique de l’endomètre chez les femmes sous hormonothérapie qui ont leur utérus. Par contre, les études ont constaté qu’il ne protégeait pas les cellules mammaires et même pouvait être un facteur additionnel de risque du cancer du sein, sans compter qu’il ne protège pas non plus contre les risques accrus que font courrir les oestrogènes pris par voie orale pour la coagulation anormale du sang qui peut provoquer des phlébites, thromboses, embolies ou accidents vasculaires cérébraux.Je ne veux pas vous dissuader de poursuivre ce que vous faites en ce moment, mais je vous suggérerais de lire le livre de la Dre Demers.

Le problème avec l’hormonothérapie «classique» que vous utilisez est surtout le Provera. Pour ce qui est du Premarin, les femmes qui le prennent seul car elles n’ont pas leur utérus courent relativement moins de risque d’effets secondaires soudains et catastrophiques causés par les caillots sanguins (bien que ces risques existent pour tout oestrogène pris pas voie orale mais augmente considérablement en présence de Provera). C’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle les chercheurs de la fameuse étude WHI ont stoppé le volet Premarin-Provera (Prempro) beaucoup plus tôt que le volet Premarin seulement car avec l’hormonothérapie combinée les effets indésirables étaient beaucoup plus nombreux.

Si jamais vous décidiez d’opter pour des hormones bio-identiques ou que vous avez une amie qui veut le faire, voici un point important dont il faut se souvenir: il ne faut pas faire la transition tout d’un coup. Pour beaucoup de femmes ceci est désastreux car le corps ne s’habitue pas du jour au lendemain à ce changement. Quand une femme commence à prendre le Premarin, le foie doit créer des enzymes spéciales pour métaboliser ces hormones de cheval et après un certain nombre d’années il est certain que le corps est devenu «accro» à cette forme d’oestrogénothérapie. Donc, il est sage de faire une transition graduelle utilisant Premarin une journée ou aux deux jours et une pression d’Estrogel (l’oestrogène recommandé par la Dre Demers) le lendemain. Finalement, il faut ajuster la dose d’Estrogel à ses besoins particuliers.

En hormonothérapie il n’y a pas de «one size fits all». Chaque femme doit trouver la dose qui lui convient. Pour ce qui est du Prometrium pour remplacer le Provera, on peut faire la transition plus soudainement sans problème. Cependant le Prometrium, qui est pris par voie orale, peut surcharger le foie des personnes chez qui cet organe est fragile. Si tel est le cas, la meilleure solution est alors d’obtenir une ordonnance de crème à la progestérone. Mais je dois ajouter que malheusement peu de médecins savent prescrire ces crèmes.

Bonne santé au naturel, bonne continuation et encore une fois merci de votre témoignage,