On entend beaucoup parler du cortisol, qu’on a surnommé «l’hormone du stress», et en général on parle plutôt de ses méfaits que de ses bienfaits. Le Dr David Zava, Ph.D., biochimiste et directeur du laboratoire ZRT à Portland, Oregon, a répondu à des questions au sujet de la fonction thyroïdienne et du cortisol lors d’un échange avec le Dr John Lee publié dans le bulletin mensuel de ce dernier. Le Dr Zava est co-auteur, avec le Dr John Lee, du best-seller « Tout savoir sur le cancer du sein ».
Le Dr Zava a commencé par expliquer le côté positif du cortisol, soit entre autres:
régulation de la pression sanguine et de la fonction rénale
régulation du niveau de glucose et du métabolisme des graisses
joue un rôle dans le développement musculaire
participe à la synthèse des protéines et la fonction immunitaire
agit en synergie avec les hormones thyroïdiennes au niveau des récepteurs cellulaires.
Le point à retenir ici est que le cortisol augmente l’efficacité de la glande thyroïde. Un niveau physiologiquement adéquat de cortisol – ni trop haut, ni trop bas – est très important pour une fonction thyroïdienne normale. C’est pourquoi plusieurs personnes qui ont un déséquilibre au niveau du cortisol éprouvent souvent des symptômes semblables à ceux de l’hypothyroïdie, tout en ayant des niveaux d’hormones thyroïdiennes normaux.
Pour expliquer la synergie entre le cortisol et la thyroïde, le Dr Zava utilise une analogie: «Pensez à ce qui arriverait si vous essayez de tourner une grande roue avec une seule main, par opposition à deux mains où vous pouvez vraiment l’agripper et la tourner facilement. Autant les hormones thyroïdiennes que le cortisol doivent arriver aux cellules en quantité suffisante et se lier à leur récepteurs respectifs pour qu’il soit possible de tourner la roue et que les gènes s’expriment. Donc, lorsque le niveau de cortisol est insuffisant à cause de l’épuisement des surrénales, la thyroïde est moins efficace pour augmenter le niveau d’énergie et l’activité métabolique.»
Cependant, il faut dire que ce n’est pas évident de maintenir un niveau de cortisol «ni trop haut ni trop bas» et qu’arrive-t-il lorsque les niveaux de cortisol deviennent trop élevés, ce qui est très fréquent avec le stress que bien des femmes vivent à l’arrivée de la ménopause? À cette question, le Dr Zava répond: «Une trop grande production de cortisol, provoquée par les glandes surrénales qui répondent à un stress excessif, fait que les tissus ne répondent plus aux signaux hormonaux de la thyroïde. Cela crée une condition de résistance aux hormones de la thyroïde, ce qui fait que les niveaux d’hormones thyroïdiennes sont normaux, mais que les tissus sont incapables de répondre efficacement aux signaux de la thyroïde. Cette résistance aux signaux hormonaux de la thyroïde provoquée par un trop haut niveau de cortisol ne s’applique pas seulement aux hormones thyroïdiennes, mais aussi à toutes les autres hormones comme l’insuline, la progestérone, l’œstrogène, la testostérone, et même le cortisol lui-même. Lorsque le cortisol devient trop élevé, les récepteurs de ces hormones deviennent résistants, et il faut plus d’hormones pour créer le même effet. C’est pourquoi le stress chronique, qui élève le niveau de cortisol, produira des symptômes comme une humeur exécrable car tout le système endocrinien sera chamboulé.»
«La résistance à l’insuline en est un exemple classique de cette perturbation du système endocrinien», ajoute le Dr Zava. «Lorsque le cortisol est élevé, il faut une plus grande quantité d’insuline pour que le glucose entre dans les cellules. Un niveau de cortisol et d’insuline élevés provoquent la résistance à l’insuline, ce qui résulte en une prise de poids autour de la taille parce que votre corps va stocker les graisses à cet endroit plutôt que de les brûler.»
Le cortisol élevé représente aussi un sérieux défi à l’équilibre hormonal car lorsque le cortisol est élevé, le cerveau est plus sensible aux oestrogènes. Le Dr Zava donne comme exemple: «Si une femme post-ménopausée avec un niveau normal d’oestrogène est soumise à un stress et que son niveau de cortisol augmente, elle peut expérimenter des bouffées de chaleur, qui sont un symptôme de déficience en œstrogène. Mais elle n’a pas réellement une déficience en oestrogène, c’est plutôt que les récepteurs au niveau du cerveau sont devenus dysfonctionnels. Si le médecin prescrit de l’oestrogène pour traiter les bouffées de chaleur, cette femme commencera à avoir des symptômes de dominance en œstrogène comme la prise de poids au niveau des hanches, la rétention d’eau, et une humeur maussade». Donc, d’une part, la prise d’œstrogène ne réglera pas nécessairement les bouffées de chaleur et d’autre part la hausse des niveaux d’œstrogène augmentera les risques associés à l’excès de cette hormone.
Le Dr Zava offre l’avis suivant aux praticiens de la santé: «Il ne faut pas traiter une femme qui a des symptômes de déséquilibre hormonal comme des bouffées de chaleur et des sautes d’humeur, en présumant qu’il s’agit d’une déficience hormonale et en prescrivant l’hormone qui semble être déficiente, sans faire de tests pour confirmer ce diagnostic. Si le cortisol de la patiente est élevé de façon chronique, il y aura une résistance générale de toutes les hormones stéroïdes, que ce soit l’œstrogène, la progestérone, la testostérone, la pregnénolone et même le cortisol. Et il y aura aussi une résistance des cellules aux hormones de la thyroïde. Il faut commencer par faire les tests nécessaires, par exemple le test salivaire du cortisol en quatre points (matin, midi, 18 h (souper) et au coucher), pour voir ce qui se passe au niveau de cette hormone.»
Par contre, on peut passer rapidement d’un excès de cortisol à un manque de cortisol dû à l’épuisement surrénalien. Le Dr Zava donne comme exemple les vacances des fêtes, alors que le taux de cortisol monte bien souvent en flèche, et après les vacances on se sent exténué. C’est que les glandes surrénales ont soutenu le rythme du stress relié aux vacances et ensuite, elles se sont effondrées. Et il n’est pas rare que nous allons nous retrouver avec un rhume ou une grippe à ce moment-là. C’est que des niveaux de cortisol adéquats sont nécessaires pour activer pleinement le système immunitaire et l’épuisement des surrénales nous rend plus vulnérables aux virus.
Il est reconnu que le stress fait non seulement fluctuer le taux de cortisol mais frappe aussi les glandes surrénales et la thyroïde. En réponse au stress, dans un premier temps les surrénales seront «fouettées» pour produire du cortisol en quantité, ce qui va provoquer une résistance aux hormones stéroïdes et aux hormones thyroïdiennes. Puis au bout d’un certain temps les surrénales finiront par s’épuiser et le niveau de cortisol, de progestérone et de DHEA va chuter. Cela va se traduire également par une déficience de la fonction thyroïdienne. Ceci aura des répercussions à long terme en accélérant le vieillissement des tissus et l’affaiblissement de la masse musculaire et osseuse.
Selon le Dr Zava, la plupart des gens qui ont des problèmes de cortisol, trop haut ou trop bas, sont dans la zone grise, ce qui veut dire qu’ils sont à l’extérieur des valeurs physiologiques normales, nécessaires à une santé optimale. Trop de cortisol, à cause d’une exposition au stress sur une période prolongée, provoque une dégradation excessive de tous les tissus structuraux du corps incluant les muscles, les os, la peau et le cerveau, ce qui cause un vieillissement accéléré. Dans les os, un niveau de cortisol élevé active presque toutes les voies métaboliques impliquées dans la résorption osseuse. Le cortisol inhibe spécifiquement l’activité des ostéoblastes, (cellules qui construisent les os); il supprime la production d’androgènes (hormones mâles) dans les gonades (les androgènes activent la fabrication des os autant chez les femmes que chez les hommes); il active les ostéoclastes (qui résorbent les cellules osseuses) ce qui fait que la résorption osseuse se fait plus rapidement; il diminue l’absorption des minéraux au niveau de l’intestin, ce qui fait que nous n’absorbons pas le calcium et le magnésium dont nous avons besoin pour construire les os; et il augmente l’excrétion du calcium au niveau des tubules rénaux. Des suppléments de calcium et la prise de médicaments de type bisphosphonates (p. ex. Fosamax, Actonel, Boniva) utilisés pour inhiber la résorption osseuse, seront toujours peine perdue contre de hauts niveaux de cortisol. Il n’est pas rare que les femmes souffrent d’une perte osseuse continuelle, malgré l’utilisation bisphosphonates, lorsque les taux de cortisol salivaires sont très élevés. Il est d’ailleurs connu que le stress est un facteur de risque pour l’ostéoporose.
À une question concernant l’interaction entre le cortisol et la mélatonine, le Dr Zava répond: «Le cortisol est libéré par les glandes surrénales selon un pattern rythmique tout au long de la journée. Il est élevé le matin, ce qui vous donnera de l’énergie. Si vous n’avez pas suffisamment de cortisol le matin, vous aurez de la difficulté à vous tirer du lit. Il est à son plus bas vers 2 heures du matin, lorsque la mélatonine est élevée. La mélatonine et le cortisol fonctionnent comme une balançoire à deux: lorsque le cortisol est bas et que la mélatonine est élevée, vous êtes en train de régénérer votre corps. Toutefois, lorsque votre cortisol reste élevé la nuit, vous ne produirez pas suffisamment d’hormone de croissance ou de TSH (hormone stimulante de la thyroïde), qui sont d’importantes hormones anaboliques (qui régénèrent les tissus). C’est pourquoi un bon sommeil est si important. Les personnes qui ont un taux de cortisol salivaire élevé durant la nuit se plaignent habituellement de problèmes d’insomnie.»
Un niveau de cortisol salivaire normal pour une femme est de 3 à 8 ng/mL, et vers 22h, il est 0,5 à 1,5 ng/mL, ce qui constitue une baisse importante. Aux petites heures du matin, lorsque vous êtes dans un sommeil profond, il devient même plus bas, donc si vous ne dormez pas suffisamment et que vous ne vous reposez pas, le rythme du cortisol sera perturbé. Le Dr Zava précise que la progestérone joue alors un rôle important parce que c’est la seule hormone naturelle qui compétitionne avec le cortisol pour les récepteurs de glucocorticoïdes. La progestérone peut contrer les effets stimulants du cortisol pendant la nuit lorsque vous avez besoin de dormir.
Commentaire de Micheline: Le test salivaire est très utile pour mesurer les niveaux de cortisol en quatre points: matin, midi, au souper et au coucher et ainsi dépister un pattern dans la production du cortisol qui peut bousiller tout le système hormonal s’il n’est pas normal. À noter que le test salivaire est disponible au Canada chez Rocky Mountain Labs. Ce test, ainsi que d’autres tests pouvant dépister des anomalies dans la production du cortisol et d’autres problèmes métaboliques sont disponibles auprès des naturopathes affiliées au site santedesfemmes.com. Pour consulter une de ces naturopathes, cliquez sur «Demande de consultation» dans la colonne de gauche de la page d’accueil du site. À noter que les naturopathes ne peuvent pas faire de diagnostic mais seulement vous expliquer les données émanant des tests. Par contre, ces tests peuvent être un outil de diagnostic pour votre médecin.
Référence: http://www.virginiahopkinstestkits.com/cortisolzava.html