Nous savons que les oestrogènes jouent un rôle dans notre corps toute notre vie durant, mais comment savoir si la prise d’hormones aidera au maintien de la santé ou mènera à des problèmes parfois graves?
Il est indéniable que les oestrogènes peuvent avoir des effets bénéfiques pour les femmes à la ménopause. Par contre, il est également indéniable que les oestrogènes font courir de grands risques aux utilisatrices d’hormones d’ordonnance, particulièrement à la préménopause. Le titre de la présente chronique reprend le titre d’un chapitre dans le dernier livre du Dr John R. Lee, M.D., qui vient de paraître en français (voir références ci-dessous).
Le mot «oestrogène» est utilisé ici au pluriel, car notre corps en fabrique plusieurs sortes, notamment l’œstradiol, l’œstrone et l’œstriol. L’œstradiol est prédominant avant la ménopause alors que l’œstrone nous aide à nous tirer d’affaires après la ménopause. L’œstriol est un oestrogène faible, principalement le résultat de la désactivation des deux autres par le foie, mais qui peut également jouer un rôle utile après la ménopause.
Bien sûr, nous avons besoin d’œstrogène toute notre vie durant. Affirmer, comme le font certains médecins, que nous manquons automatiquement d’œstrogène à la ménopause reviendrait à dire que les femmes sont des erreurs de la nature! Rassurez-vous mesdames, la nature ne nous oublie pas à la ménopause et à moins d’avoir eu une hystérectomie totale avec ablation des ovaires et être très mince, vous continuerez à fabriquer assez d’œstrogène pour vous tirer d’affaires et vivre en santé jusqu’à un âge avancé.
Les oestrogènes peuvent être messagers de vie car ils aident à maintenir la souplesse et la santé des tissus du système reproducteur comme le vagin, contribuent à l’équilibre du bon et du mauvais cholestérol (HDL/LDL) et jouent un rôle pour maintenir l’hydratation de la peau et retenir le collagène. Par contre, leur rôle dans la prévention de l’ostéoporose, des maladies cardiovasculaires et de la maladie d’Alzheimer n’a pas encore été prouvé par des études véritablement scientifiques (voir à ce sujet la référence ci-dessous).
Si vous avez recours à une thérapie de substitution hormonale, il est donc important de vous souvenir que les oestrogènes risquent davantage d’être messagers de mort s’ils ne sont pas contrebalancés par la progestérone BIO-IDENTIQUE, tel que le prévoit la nature. Il est dommage que très peu de médecins soient bien renseignés sur le rôle de la PROGESTÉRONE dans l’équilibre hormonal. Typiquement, ils continuent de croire que les femmes ménopausées n’ont pas besoin de progestérone à moins de prendre de l’œstrogène et d’avoir leur utérus.
Ils prescriront alors un PROGESTATIF ou PROGESTINE comme le Provera pour éviter que l’œstrogène ne cause une hyperplasie de l’endomètre pouvant mener au cancer de l’utérus. Malheureusement, les progestines ne sont pas bio-identiques et au lieu de contrebalancer les effets secondaires des œstrogènes comme le fait la progestérone BIO-IDENTIQUE, ces produits pharmaceutiques synthétiques en augmentent certains effets nocifs, en particulier au niveau de la coagulation anormale du sang qui peut mener aux phlébites, aux thromboses et aux accidents cérébrovasculaires.
Les oestrogènes de source végétale sont-ils plus sécuritaires?
Avec les études qui démontrent les risques inhérents à la prise d’œstrogène, les compagnies pharmaceutiques font tout en leur pouvoir pour convaincre les médecins que les oestrogènes dérivés de plantes comme le soja et l’igname sauvage (Estrace, Estrogel, les «timbres») sont plus sécuritaires. Est-ce le cas?
La réponse est simple: NON, absolument pas. Ceci est une conception erronée qui a cours au sein de la profession médicale à cause de la publicité très sophistiquée des compagnies pharmaceutiques, qui veulent faire passer leurs hormones pour des produits « naturels » et donc bénins.
Il ne faut pas se laisser induire en erreur: les hormones prescrites par les médecins NE SONT PAS DES PHYTOESTROGÈNES, C’EST-À-DIRE DES EXTRAITS DE PLANTES À L’ÉTAT NATUREL, TELS QU’ON LES TROUVE DANS LES MAGASINS D’ALIMENTS NATURELS. Les hormones pharmaceutiques peuvent être bio-identiques – ce qui veut dire semblable à celles que produisent notre corps – mais elles sont sans exception le résultat d’une transformation qu’on fait subir aux plantes en laboratoire (sauf dans le cas du Prémarin qui contient des oestrogènes équins, c’est-à-dire venant de juments gravides. Le Prémarin n’est donc pas bio-identique).
Cependant, qu’ils soient bio-identiques ou non, quand on parle d’œstrogènes comme l’œstradiol ou l’œstrone, il faut se souvenir qu’il s’agit d’œstrogènes qui peuvent stimuler la multiplication cellulaire et qui ont par conséquent un potentiel cancérogène, surtout s’ils ne sont pas contrebalancés par la progestérone.
Alors pourquoi tant de médecins considèrent-ils l’hormonothérapie comme une panacée à la ménopause?
Bien sûr, nos médecins ont les meilleures intentions du monde lorsqu’ils proposent des hormones aux femmes qui arrivent à la ménopause. Ceci est une autre conséquence de l’influence des compagnies pharmaceutiques. Le problème est que, si nous commençons à prendre des oestrogènes trop tôt, c’est-à-dire avant que la ménopause soit vraiment «installé », nous courons plus de risque d’en subir les effets secondaires nocifs. En d’autres mots, les oestrogènes ont davantage le potentiel d’être messagers de mort plutôt que messagers de vie.
La raison est simple: on sait qu’aussi longtemps que vous avez des menstruations, même si celles-ci commencent à s’espacer, vos ovaires fabriquent encore assez d’œstrogène sous forme d’œstradiol pour stimuler la multiplication cellulaire au niveau de l’endomètre, la membrane qui tapisse l’intérieur de l’utérus. C’est ce processus de stimulation et d’épaississement de l’endomètre qui crée les menstruations.
Typiquement, en préménopause même si vous ne prenez pas d’hormones vous courez déjà un plus grand risque de vous retrouver avec des fibromes, des kystes aux seins, des menstruations prolongées et abondantes – bref tous les symptômes classiques de la dominance en oestrogènes, dont vous trouverez la liste complète à la section «Foire aux questions» (voir références ci-dessous). Quand vous approchez de la ménopause, vous avez de plus en plus de cycles anovulatoires – c’est-à-dire que vos ovulations sont incomplètes. Étant donné que la progestérone est produite suite à l’ovulation, vous risquez donc davantage une dominance en oestrogènes à cause de la carence en progestérone.
En passant, j’aimerais mentionner qu’il y a de vieux textes médicaux qui accusaient la progestérone de causer le syndrome prémenstruel. La science a prouvé depuis longtemps que ceci est faux:c’est l’œstrogène qui cause le SPM lorsqu’il y a une insuffisance dans la production de progestérone, qui vient contrebalancer les effets de l’œstrogène pendant la deuxième moitié du cycle (phase lutéale).
Alors que pensez-vous qu’il se passera si vous commencez à prendre des oestrogènes en préménopause alors que votre corps en fabrique encore? Je crois que la réponse saute aux yeux: vous risquez d’aggraver encore plus vos problèmes de fibromes, de kystes et de saignements abondants. À ce propos, je vous suggère de porter l’ouvrage suivant à l’attention de votre médecin: Bien vivre sa ménopause, par les Drs Pierre M.-Jarvis et Claire Bricaire (éditions du Rocher, 1994). Le professeur Jarvis est chef du service d’Endocrinologie et de Médecine de la Reproduction à l’hôpital Necker à Paris, et la Dre Bricaire est également endocrinologue.
Ces spécialistes belges font entendre un son de cloche très différent de celui des médecins du Québec: ils déconseillent nettement la prescription d’œstrogènes aux femmes en préménopause. Ce qu’ils conseillent, avec preuves scientifiques à l’appui, c’est de prescrire de la PROGESTÉRONE BIO-IDENTIQUE jusqu’à ce que la ménopause soit bien installée. Ce n’est qu’à ce moment que les oestrogènes de remplacement peuvent vraiment jouer un rôle constructif, c’est-à-dire être messagers de vie plutôt que messagers de mort.
De plus, ces experts conseillent l’usage d’hormones TRANSDERMIQUES. Ils expliquent avec preuves scientifiques à l’appui – et cela rejoint ce que nous dit le Dr John Lee à ce sujet – que la façon la plus logique et efficace d’administrer les hormones est par voie percutanée. Votre médecin peut vous prescrire des oestrogènes et de la progestérone BIO-IDENTIQUES sous forme de crème que l’on applique sur la peau. Ces crèmes, prescrites pour répondre aux besoins individuels des femmes, sont préparées par certains pharmaciens apothicaires que l’on trouve surtout à Montréal.
Les oestrogènes
Messagers de vie:
- Favorisent le bon cholestérol
- Entretiennent la souplesse des vaisseaux sanguins
- Protègent contre l’ostéoporise en contribuant à l’absorption du calcium circulant dans le sang et en ralentissant la résorption des cellules des os
- Contribuent à l’entretien des membranes de l’urètre et de la vessie
- Stimulent l’hydratation de l’épiderme
- On croit qu’ils peuvent ralentir la dégénérescence des cellules du cerveau
- Aident le fonctionnement général du cerveau
Messages de mort:
Si les oestrogènes endogènes ou exogènes puissants, comme l’œstradiol et l’œstrone, dominent par rapport à d’autres hormones comme la progestérone, ils peuvent provoquer le cancer (endomètre, sein, etc.)
La dominance des oestrogènes puissants peut entraîner d’autres problèmes sérieux comme le diabète (entravent le contrôle du glucose), l’hypothyroïdie (entravent l’action de l’hormone de la thyroïde), l’augmentation de la coagulation du sang, etc.
Les xénoestrogènes, qui proviennent des produits pétrochimiques, sont des imposteurs hormonaux qui peuvent occuper les récepteurs cellulaires d’œstrogène mais dont le message peut avoir des conséquences imprévisibles et à long terme pour les cellules.
De nombreuses études démontrent que les femmes présentant le taux d’œstradiol le plus élevé avaient la plus grande incidence de cancer du sein.
Références et lectures recommandées:
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Dr Pierre M.-Jarvis et Dre Claire Bricaire, «Bien vivre sa ménopause», Éditions du Rocher (1994)
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Dr John R. Lee, M.D., «Tout savoir sur la préménopause», Éditions Sully