Au début du mois d’octobre 2010 à Québec, la biopharmaceutique EndoCeutics, dirigée par le Dr Fernand Labrie, M.D., terminait des essais cliniques sur un nouveau produit à base de DHEA, le Vaginorm. Ce produit, que l’on nomme déjà le «Viagra pour femmes» est un traitement intravaginal qui pourrait être utilisé par les femmes ménopausées qui souffrent d’atrophie vaginale et de la dysfonction sexuelle qui peut l’accompagner. Cette compagnie vient de conclure une entente avec les laboratoires Bayer en vue de la commercialisation du produit Vaginorm d’ici 2 ou 3 ans.
Cette nouvelle est réjouissante puisque cela constitue une preuve de plus que les pharmaceutiques s’intéressent aux substances administrées par la peau, ce qui devrait par le fait même stimuler l’intérêt du monde médical pour ce type de thérapie hormonale. De plus, cela arrive à point, au moment où les femmes s’inquiètent de plus en plus des effets secondaires des thérapies hormonales substitutives (THS) à base d’hormones (synthétiques ou naturelles) administrées par voie orale. Le principal problème avec les hormones en pilules est qu’elles passent par le foie avant d’être libérées dans l’organisme. Dans les faits, près de 90% de la dose prise par la bouche est métabolisée par le foie – ce qu’on appelle l’« effet de premier passage au foie ». Autrement dit, seulement environ 10% de la dose prise circule dans le corps pour exercer les effets bénéfiques escomptés. L’administration par la peau (timbres, gels et crème) permettrait au corps d’absorber directement près de 100% des hormones. Il n’y a donc peu de perte ou de sous-produits de métabolisation, ni de suractivation des enzymes hépatiques, qui peuvent augmenter les facteurs de coagulation sanguine. L’hormonothérapie appliquée sur la peau est donc mieux tolérée sur le plan digestif et, selon des études telles que celle du Dr Labrie, tout aussi efficace que les hormones prises par voie orale.
La DHEA (Déhydroépiandrostérone ou prastérone), est une hormone stéroïdienne fabriquée à partir du cholestérol et qui est sécrétée par les glandes surrénales. Cette hormone est impliquée comme précurseur dans la fabrication de la testostérone et des œstrogènes, hormones sexuelles qui doivent être équilibrées pour le maintien d’une santé optimale.
La DHEA est produite en grande quantité par l’organisme à partir de la puberté et sa production atteint un sommet vers l’âge de 20 ans, après quoi les taux corporels diminuent progressivement. À 60 ans, le corps produit à peine 15% à 20% de la DHEA qu’il produisait dans la vingtaine. Selon certains chercheurs, cette baisse contribuerait à déclencher certains malaises ou maladies, ce qui a valu à cette substance d’être qualifiée d’« hormone de jeunesse » ou de «pilule de jouvence» lorsque prise comme supplément.
Certaines études comme l’étude DHEAge ont démontré que l’utilisation d’un supplément de DHEA à raison de 50mg/jour contribuerait à la diminution de la fragilité osseuse, à une amélioration de texture de la peau (production des glandes sébacées, hydratation, lutte contre une pigmentation anormale et réduction de l’atrophie de l’épiderme) et de l’aspect du visage, et à l’amélioration de la libido. La DHEA est devenue un supplément très populaire aux États-Unis où il est en vente libre.
Cependant, une surdose de DHEA peut comporter des risques, en particulier chez les femmes. Ainsi, il est plus prudent de ne pas dépasser une dose de 25mg par jour à moins d’être suivie par un praticien de la santé.
Il est bon de noter que la DHEA se transforme d’abord en androgènes, qui à leur tour se transforment en oestrogènes par l’action de l’enzyme aromatase dans les tissus adipeux (voir le schéma à gauche).
Chez certaines femmes, notamment chez celles qui ont très peu de graisse corporelle, la prise de DHEA peut avoir des effets androgènes si la transformation vers les oestrogènes ne se fait pas bien. En effet, tout comme c’est le cas chez l’homme, la testostérone chez la femme peut se transformer en dihydrotestostérone (DHT), un métabolite aux effets androgéniques plus puissants, ce qui peut créer des effets secondaires comme l’apparition de pilosité faciale, l’alopécie androgénique (perte de cheveux), l’acné et la diminution du HDL (bon cholestérol). Par contre, les effets androgènes de la DHEA sont beaucoup plus associés à la prise par voie orale (qui a un effet sur tout le système) qu’à la prise par voie transdermique qui aura un effet plus localisé et qui comportera beaucoup moins de risques.
Par ailleurs, chez les femmes ayant un surplus de graisse corporelle, la prise de DHEA par voie orale risque de créer un surplus d’oestrogènes. Une augmentation des œstrogènes peut être bénéfique dans la prévention de l’ostéoporose ou pour contrer les symptômes de la ménopause, mais elle pourrait également favoriser ou aggraver un cancer du sein hormonodépendant.
Finalement, notons qu’il n’y a pas encore d’études qui ont été menées sur les effets potentiels à long terme de la supplémentation en DHEA. Mais comme on le sait déjà, il y a toute une panoplie d’hormones synthétiques et de médicaments dont on n’a découvert les effets à long terme que des décennies après leur mise en marché. Ce qui est rassurant dans le cas de la DHEA est qu’il s’agit d’une hormone bio-identique. Et si la dose administrée équivaut à la dose physiologique que le corps produirait normalement et qu’elle est utilisée par voie transdermique, l’expérience clinique démontre que les risques sont minimes et que les effets secondaires seront facilement réversibles en diminuant la dose.
BONNE SANTÉ OPTIMALE!
Julie Turcotte, B. Sc.
Nota: La DHEA est en vente libre aux États-Unis (voir l’onglet «Boutiques» pour plus de détails). Références Labrie F et al., High internal consistency and efficacy of intravaginal DHEA for vaginal atrophy. Gynecol Endocrinol. 2010 Jul;26(7):524-32. Labrie F., DHEA, important source of sex steroids in men and even more in women. Prog Brain Res. 2010;182:97-148. http://www.endoceutics.com/en/products/ Étude DHEAge http://www.dheage.com/HTML/dhea_biologie.html http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/ArticleComplementaire.aspx?doc=hormones-bio-identiques-information-pratique_do La DHEA: Combat-elle les outrages du temps? http://www.estheweb.com/Dossiers/dhea.htm