Dans ma chronique, intitulée «La grossesse de Chantal, une histoire qui finit bien grâce à la progestérone» (voir références ci-dessous), j’ai indiqué que l’usage de la crème à la progestérone bio-identique par les femmes enceintes s’appuyait en bonne partie sur les recherches et expériences cliniques d’une femme médecin britannique, la docteure Katharina Dalton, M.D.
La docteure Dalton, qui lors de son décès à 87 ans en 2004 pratiquait toujours la médecine, demeure la pionnière de la recherche sur le syndrome prémenstruel (SPM). Elle a commencé à pratiquer la médecine en 1948, et dès 1953 les résultats de ses expériences cliniques étaient publiés dans le prestigieux British Medical Journal. La Dre Dalton avançait la théorie révolutionnaire que le SPM était dû à un déséquilibre hormonal plutôt qu’à des problèmes d’ordre mental ou psychologique, qui était l’hypothèse acceptée à l’époque. Par la suite, elle a consacré sa carrière à démontrer que non seulement le SPM mais aussi certains problèmes de fertilité et la dépression post-partum étaient attribuables à un déséquilibre hormonal causé par une carence en progestérone ou à l’incapacité du corps de faire bon usage de cette hormone.
La docteure Dalton a reçu nombre de distinctions internationales pour ses travaux. Elle a été la première à identifier le SPM comme cause de certains cas d’asthme, d’épilepsie, de migraines sévères et de dépressions graves menant à des tentatives de suicide. Grâce à la progestérone bio-identique elle a pu traiter ces cas avec succès. Elle a aussi été en mesure de prouver devant les tribunaux que le SPM avait joué un rôle dans certains cas de criminalité chez les femmes (y compris le meurtre), et que le traitement avec la progestérone pouvait prévenir ces comportements violents, ce qui a permis aux femmes mises en accusation de recevoir des sentences plus clémentes.
Cette utilisation de la progestérone par la docteure Dalton étant fort avant-gardiste, elle a dû éventuellement expliquer son approche aux autorités du système de santé britannique, qui ont conclu que «la progestérone constitue un traitement raisonnable et nécessaire pour le syndrome prémenstruel.» Considérant toute l’évidence ainsi accumulée pendant des décennies sur l’utilisation de la progestérone bio-identique pour le traitement du SPM, il est incroyable qu’encore de nos jours les médecins continuent de prescrire des antidépresseurs ou des contraceptifs chimiques aux femmes qui souffrent de ce problème hormonal, plutôt que d’avoir recours à la progestérone bio-identique.
Dans son livre «Once a Month», la Dre Dalton explique qu’une raison pour cet état de chose est que le développement des progestines (progestérone non bio-identique) par les laboratoires pharmaceutiques a créé beaucoup de confusion chez les médecins dont un bon nombre ne font pas la distinction entre ces drogues et la progestérone bio-identique. Étant donné que les effets secondaires des progestines sont nombreux et peuvent être très nocifs, il n’est pas surprenant que les médecins hésitent à prescrire la progestérone, surtout aux femmes enceintes.
Mais la Dre Dalton a prouvé hors de tout doute que de telles craintes ne sont pas fondées. Tout d’abord, les progestines augmentent le risque de fausses couches car elles sont antagonistes à la progestérone produite par le corps. La progestérone bio-identique, elle, encourage la production de progestérone par le corps et apporte les mêmes messages aux récepteurs cellulaires, aidant ainsi à maintenir la grossesse. De plus, les progestines administrées à une femme enceinte peuvent causer la masculinisation des fœtus femelles, alors que la progestérone ne peut produire un tel effet.
Il y a plus de cinquante ans que la Dre Dalton prescrit la progestérone bio-identique pour des problèmes reliés à la grossesse, et parmi les millieurs de femmes traitées, aucun cas de défauts de naissance ou d’autres complications n’a été rapporté. De fait, en 1959, des chercheurs ont entrepris un suivi s’étalant sur 20 ans de tous les enfants dont la mère avait été traitée avec la progestérone bio-identique pendant la grossesse. On a constaté que ces enfants avaient en général un quotient intellectuel plus élevé, excellaient dans les sujets académiques (langues, mathématiques), et un plus grand nombre que la moyenne entreprenait des études universitaires.
L’œuvre de la Dre Dalton est impressionnante : elle a publié treize livres et plus d’une centaine d’articles dans diverses revues scientifiques documentant son approche au traitement du SPM et d’autres problèmes féminins causés par le déséquilibre hormonal. Même si ses écrits sont surtout basés sur des études cliniques, sa longue expérience avec l’usage de la progestérone bio-identique devrait constituer une preuve convaincante de la validité de son approche. Il est grand temps que nos médecins prennent connaissance de l’œuvre gigantesque de cette femme remarquable.
Références et lectures recommandées:
Dre Katharina Dalton, M.D., «Once a Month, Understanding and Treating PMS», Éditions Hunter House
Pour en savoir plus sur la Dre Dalton: The New York Times Magazine
Voir ma chronique intitulée «La grossesse de Chantal – une histoire qui finit bien grâce à la progestérone bio-identique»