Mesdames, si vous suivez un tant soit peu ce qui se dit de nos jours sur l’ostéoporose, vous êtes probablement convaincues que cette maladie vous guette, quel que soit votre style de vie et le soin que vous prenez à bien vous alimenter. En l’espace de moins d’une décennie, l’ostéoporose a pris les proportions d’une épidémie. En effet, on recense maintenant plus de cas d’ostéoporose que de cancer, de cardiopathies et de SIDA combinés. Pourtant, il y a à peine une décennie, l’ostéoporose n’était pas un grand sujet de préoccupations pour les autorités de la santé. Que s’est-il donc passé?
Une nouvelle définition de l’ostéoporose
Traditionnellement, l’ostéoporose se définissait comme suit: «Lésion osseuse se traduisant par une diminution de l’opacité radiologique du squelette, observée dans différentes circonstances, telles que: manque d’usage ou inactivité, sénilité, troubles endocriniens, algoneurodystrophie décalcifiante, affections génotypiques, traumatismes, etc.»1Selon cette définition, l’ostéoporose est une pathologie (lésion osseuse), dont le principal symptôme est la diminution de l’opacité (ou densité) des os. Il est intéressant de noter que le faible apport en calcium ne figure même pas parmi les causes principales citées ici.
Si l’on s’en tenait à cette définition, bien peu de femmes feraient de l’ostéoporose. Un endocrinologue bien connu aux É.-U., le Dr Bruce Ettinger, professeur en médecine et radiologie à l’Université de Californie, affirme: «Les femmes ne devraient pas s’inquiéter de l’ostéoporose. Rares sont celles qui souffrent d’ostéoporose si l’on définit cette affection comme une maladie qui se caractérise par une extrême fragilité des os, causant de la douleur et menant à l’invalidité. Parmi les milliers de femmes dont j’ai étudié le dossier, il n’y en a que quelques-unes qui font vraiment de l’ostéoporose»2. Pourtant, la majorité des femmes au mitan de la vie entendent un tout autre son de cloche de la part de leurs médecins et des autorités de la santé.
Comment expliquer cette contradiction? C’est très simple… les compagnies pharmaceutiques ont réussi, grâce à des nouvelles technologies de diagnostic, à changer la définition de l’ostéoporose de façon à englober la vaste majorité des femmes ménopausées! Cet exploit de marketing a été rendu possible par l’absorptiométrie à rayons X en double énergie (DEXA), une technologie mise au point dans les années 90. Avec ce nouvel appareil, on pouvait désormais mesurer la densité minérale des os, chose impossible auparavant. De là, il n’y avait qu’un pas à franchir pour que la faible densité osseuse, au lieu de constituer un simple symptôme ou facteur de risque pour l’ostéoporose, devienne synonyme de la maladie elle-même! En d’autres mots, si la densité de vos os ne correspond pas à certains critères, vous faites automatiquement automatiquement de l’ostéopénie ou de l’ostéoporose. Ce qui est fascinant c’est que ce diagnostic, qui peut avoir un impact très important sur votre vie,est basé sur des critères de densité osseuse établis non pas par la science mais par le fabricant de l’appareil qui a été utilisé pour l’examen.3
Des conséquences désastreuses pour les femmes
Quand vous passez un test d’ostéodensitométrie osseuse, on compare la densité de vos os à ceux d’une femme en santé âgée d’environ 35 ans, et ayant une masse osseuse optimale.À noter que ces critères ne tiennent pas compte des variations naturelles telles que le type d’ossature ou la perte de masse osseuse qui se produit universellement chez les humains avec le vieillissement.
Il n’est donc pas surprenant que l’ostéoporose s’avère la maladie la plus profitable qui soit à l’heure actuelle. Les forces du marché derrière cette nouvelle définition de l’ostéoporose, basée non pas sur la science mais sur des normes arbitraires, sont incroyables quand on considère que ce sont les compagnies pharmaceutiques et les fabricants d’appareils de diagnostic qui sont au contrôle!
La vente des médicaments pour l’ostéoporose, appelés biphosphonates (Fosamax, Actonel), rapporte déjà des milliards à leurs fabricants, et on n’a rien vu encore car ces derniers essaient d’influencer les médecins à les prescrire comme moyen de prévention de l’ostéoporose. Pourtant, selon des spécialistes qui se sont penchés sur cette question, les supposés bienfaits de ces médicaments sont basés sur une fausse interprétation des études et leur effet utile ne dépasse pas sept ou huit ans d’utilisation. Étant donné que les biphosphonates empêchent la résorption des cellules osseuses qui meurent, vos os deviendront «cristallisés» et très fragiles car ils seront principalement constitués de cellules osseuses mortes.4Malheureusement, les biphosphonates donnent aux femmes une fausse sécurité car ils augmentent la densité osseuse, ce qui donne l’illusion de gagner la bataille contre l’ostéoporose. Comme l’explique le Dr Paul Lépine, M.D.5 on insiste beaucoup trop sur l’importance de la minéralisation ou densité des os et pas assez sur laqualité des os pour aider les femmes à maintenir une masse osseuse en santé.
L’arsenal pharmaceutique contre l’ostéoporose comprend également le raloxifène (Évista), qui est un «modulateur sélectif des récepteurs d’oestrogène» (MSRE). Ce médicament a la capacité de se lier à nos récepteurs cellulaires d’oestrogène, mais apporte un message différent de celui de nos propres oestrogènes. Le Dr John Lee était d’avis que les bienfaits de ce type de produit étaient marginaux. De plus, vu qu’ils ont une action anti-oestrogénique sur certains tissus, ils peuvent causer ou accentuer plusieurs symptômes de la ménopause, dont les chaleurs. Parmi leurs effets secondaires, à noter qu’ils augmentent le risque de thromboses veineuses profondes et d’embolies pulmonaires.
Pour mettre les chances de votre côté en vue de maintenir la santé optimale de vos os, rien ne peut remplacer l’alimentation aussi végétarienne que possible, une supplémentation judicieuse, l’exercice, le contrôle du stress, le style de vie sain, et au besoin une hormonothérapie douce basée sur des hormones bio-identiques.
À noter: Le test de densitométrie osseuse est un test non agressant (contrairement à la mammographie) qui utilise un très faible niveau de rayons-X. Vous pouvez donc passer ce test aux deux ans en toute sécurité. Cependant, le problème avec ce test est l’interprétation qu’en font les médecins, qui, sous l’influen¬ce des com¬pagnies pharmaceutiques, dramatisent des résultats souvent près de la normale pour l’âge de leurs patientes.
Références et lectures recommandées:
1 Définition tirée de Termium, dictionnaire terminologique du Gouvernement du Canada
2 Tiré d’un article publié dans le Bulletin médical du Dr John R. Lee, M.D., juin 2002
3 Pour plus de détails, voir «La ménopause: une approche intégrée», par Paul Lépine, M.D.et Danielle Ruelens, n.d.. Éditions Québécor
4 Voir ma chronique intitulée «Les médicaments pour l’ostéoporose: oui ou non?»
5 Voir référence #3