Je reprends ici des remarques faites par le Dr David Zava, Ph.D., un biochimiste bien connu aux États-Unis lors d’une entrevue publiée dans le bulletin médical mensuel du Dr John R. Lee. Le Dr Zava est fondateur et directeur de ZRT Labs en Orégon. Ce laboratoire se spécialise dans l’analyse salivaire des hormones stéroïdes comme les oestrogènes, la progestérone, la testostérone, la DHEA et le cortisol.
Dans cette entrevue, le Dr Zava explique que lorsque les femmes qui font de l’ostéoporose ou de l’ostéopénie utilisent des suppléments d’oestrogène et de progestérone bio-identiques sans avoir les résultats souhaités pour accroître la densité osseuse, et qu’elles ont mis toutes les chances de leur côté en faisant de l’exercice et en surveillant leur alimentation pour s’assurer d’un bon apport de calcium, il faut alors considérer la possibilité qu’elles aient des niveaux trop faibles d’hormones androgènes (DHEA et testostérone) ou trop élevés de cortisol. Les femmes qui ont subi une hystérectomie ont souvent ce genre de problème car les ovaires après la ménopause continuent à fabriquer des hormones androgènes qui sont utiles – d’une part parce qu’elles aident à stimuler la formation de la masse osseuse et d’autre part parce qu’elles se changent en oestrogène dans la graisse corporelle. Sans ovaires, les femmes souffrent souvent de niveaux trop bas d’hormones androgènes.
Par ailleurs, les femmes qui vivent sous un stress constant ou qui souffrent de dépression peuvent avoir des niveaux élevés de cortisol, qu’on a surnommé «l’hormone du stress». C’est un fait reconnu dans les annales médicales que le cortisol trop élevé, la dépression et la perte de masse osseuse vont généralement de pair. Cependant, il ne faut pas croire que le cortisol est toujours mauvais en soi. Tout comme c’est le cas pour les oestrogènes, il ne cause des problèmes que s’il est en déséquilibre par rapport aux autres hormones stéroïdes comme la progestérone. Des niveaux normaux de cortisol sont indispensables pour maintenir une santé optimale. Des niveaux trop faibles de cortisol sont un signe d’épuisement des glandes surrénales dont les principaux symptômes sont la fatigue excessive, les allergies, la sensibilité aux produits chimiques, les rages de sucre et l’intolérance au froid (qui peut également être un signe d’hypothyroïdie).
Dans des circonstances normales, les glandes surrénales ne produisent des «poussées» de cortisol que sous un stress aigu pour aider le système nerveux et musculaire à répondre à une situation d’urgence. Malheureusement, le stress quotidien continu et souvent intense peut éventuellement garder les niveaux de cortisol trop élevés et ainsi causer des dommages à toutes les structures du corps, dont la peau, les muscles, les os et le système immunitaire. L’excès de cortisol a une action dévastatrice sur la masse osseuse de plusieurs façons: d’une part, le cortisol active les ostéoclastes, cellules chargées de la résorption des cellules osseuses, hâtant ainsi les progrès de l’ostéoporose. D’autre part, l’excès de cortisol entrave l’action des ostéoblastes, cellules chargées de la régénération de la masse osseuse. En plus de cela, l’excès de cortisol empêche la bonne assimilation du calcium et du magnésium dans le système digestif. Ces actions du cortisol sont identifiées comme «cataboliques», c’est-à-dire qu’elles ont un rôle destructeur des tissus.
Les hormones «anaboliques»
«Anabolique» veut dire «stimulant ou régénérant» et c’est la façon dont on décrit l’action de certaines hormones, comme la testostérone, la DHEA, les oestrogènes et la progestérone pour régénérer et réparer les tissus, surtout les muscles et les os. Un équilibre sain de toutes ces hormones est indispensable pour maintenir des os en santé. Au fur et à mesure que nous vieillissons, les niveaux des hormones anaboliques tendent à diminuer alors que le cortisol semble aller en augmentant. Ces changements dans le ratio des hormones anaboliques et cataboliques expliquent le vieillissement accéléré des tissus, y compris des tissus osseux.
Le rôle de la progestérone
Le Dr Zava explique ainsi le rôle de la progestérone: «Je considère la progestérone comme un équilibrant universel. Elle affecte toutes les autres hormones stéroïdes d’une façon ou d’une autre, soit en modifiant leur interaction avec leurs récepteurs cellulaires spécifiques, ou en modifiant leur métabolisme. Pour ce qui est du cortisol et de son action catabolique, la progestérone peut aider de deux façons. Tout d’abord, le corps peut la convertir en allopregnanolone, qui active des récepteurs dans le cerveau (récepteurs GABA-A), ce qui a un effet calmant. Ainsi, le stress est réduit, on dort mieux, et cela contribue à faire diminuer la production surrénalienne de cortisol. Deuxièmement, la progestérone est la seule hormone qui peut se lier aux récepteurs de cortisol et neutraliser ses effets cataboliques. Ces deux actions de la progestérone peuvent contrebalancer efficacement les effets négatifs du cortisol sur les os.»
Le test salivaire
La meilleure façon de mesurer les hormones stéroïdes est au moyen d’un test salivaire. Contrairement au test sanguin qui ne mesure que les hormones liées à une protéine et qui sont en route vers le foie pour être éliminées, le test salivaire mesure les hormones encore actives et qui s’en vont porter leur message à leurs récepteurs cellulaires respectifs. Ceci donne des renseignements beaucoup plus précis et pertinents sur l’état de vos hormones, et surtout sur les niveaux de cortisol. À venir jusqu’à maintenant, ce test n’était disponible qu’aux États-Unis, mais un laboratoire vient d’être établi à Calgary (Alberta) pour effectuer ce genre d’analyse. Si vous désirez de plus amples renseignements à ce sujet, complétez une «Demande de consulation» en précisant que vous désirez faire un test salivaire. Veuillez noter qu’on ne peut se procurer de la DHEA ou de la progestérone dans les magasins d’aliments naturels au Canada car Santé Canada classifie ces hormones comme médicaments d’ordonnance. Ne soyez pas dupe de la publicité qui se fait sur l’igname sauvage que l’on présente parfois comme pouvant remplacer la DHEA ou la progestérone. Ceci n’est tout simplement pas le cas.
Référence:
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Bulletin médical du Dr John R. Lee, M.D. Février 2001